L’Anschluss ou Anschluß est l’annexion de l’Autriche par l'Allemagne nazie en 1938. Les événements de 1938 ont marqué le point culminant des pressions transnationales pour unifier les populations allemandes et autrichiennes au sein d’une même nation, le grand Reich. Dans les années qui précédèrent l’Anschluss, l’Allemagne nazie avait soutenu le parti nazi autrichien dans sa tentative de conquérir le pouvoir et de doter l’Autriche d’un gouvernement nazi. Totalement attaché à l’indépendance de son pays, mais soumis à des pressions grandissantes, le chancelier autrichien, Kurt von Schuschnigg, tenta d’organiser un référendum pour demander à la population autrichienne si elle souhaitait rester indépendante ou être incorporée à l’Allemagne. Alors que le chancelier espérait un résultat favorable au maintien de l’indépendance de l’Autriche, le parti nazi autrichien organisa un coup d'État, planifié de longue date, le 11 mars 1938, peu avant le référendum qui fut annulé. Le pouvoir ayant été transféré à l’Allemagne, les troupes de la Wehrmacht entrèrent en Autriche pour soutenir l’annexion, sans rencontrer la moindre opposition. Au cours du mois suivant, les nazis organisèrent un plébiscite, demandant au peuple de ratifier le rattachement de l’Autriche au Reich , qui, de facto, avait déjà eu lieu : 99,73 % des votes furent favorables à l'annexion. Si les Alliés de la Première Guerre mondiale étaient, en théorie, responsables du respect des termes du traité de Versailles et du traité de Saint-Germain-en Laye, qui prohibaient une union entre l’Allemagne et l’Autriche, l'Anschluss ne suscita que peu de protestations de la France ou du Royaume-Uni, protestations qui furent d'ailleurs uniquement diplomatiques et n'eurent aucun effet. Il est également notable que le gouvernement britannique refusa en janvier 1938 une offre personnelle du Président Roosevelt de réunir les principaux représentants des puissances européennes afin de mettre à plat leurs divergences et trouver des solutions pacifiques avec en perspective l'engagement de la force considérable des Etats-Unis (1). L’Anschluss fut une des étapes majeures dans la création, voulue depuis longtemps par Adolf Hitler, d’un Reich regroupant les pays et territoires germanophones. Avant l’Anschluss, l’Allemagne avait déjà récupéré la Rhénanie et la Sarre après quinze années d’occupation par les troupes françaises ; après l’annexion de l’Autriche, elle s’empara du territoire des Sudètes , en Tchécoslovaquie, le reste du pays étant transformé en protectorat en 1939. Au cours de la même année, l’Allemagne annexa également le territoire de Memel, en Lituanie, ce qui constitua le dernier agrandissement territorial du Troisième Reich sans recours aux armes, avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. L'Anschluss entraîna une profonde « nazification » de la société autrichienne, qui laissa encore des traces dans l'histoire politique récente du pays, et l’Autriche cessa d’exister en tant qu’État indépendant jusqu’en 1945. Considérée comme « la première victime du nazisme » par les Alliés, l'Autriche fut dotée d'un gouvernement provisoire le 27 avril 1945, lors de sa libération par l'Armée rouge. Elle retrouva sa pleine souveraineté en 1955. Les pressions allemandes Hitler rencontre le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg le 12 février 1938 à Berchtesgaden, en Bavière. A l'issue de cet entretien glacial, un projet d'accord non négociable est présenté à Schuschnigg. Le document stipule que : - l'interdiction des activités du parti nazi autrichien doit être levée et ses membres en prison amnistiés. - Arthur Seyss-Inquart, un avocat membre du parti nazi, doit être nommé ministre de l’Intérieur ayant l'autorité sur les services de police et de sécurité, et Edmund Glaise-Horstenau, autre sympathisant nazi, ministre sans portefeuille. - Les armées allemande et autrichienne doivent établir des relations étroites, et le système économique autrichien doit être intégré à celui de l'Allemagne. Lors de la seconde entrevue du chancelier autrichien avec Hitler, celui-ci le menace explicitement d'une intervention militaire en cas de refus : Schuschnigg finit par céder mais le président de la république autrichienne, Wilhelm Miklas, refuse dans un premier temps les exigences allemandes. Hitler, informé par von Papen, fait organiser des manœuvres miliaires le long de la frontière. Miklas cède à son tour et, le 16 février, le gouvernement autrichien annonce l'amnistie générale des nazis emprisonnés, y compris des assassins d'Engelbert Dollfuss, et la nomination de Seyss-Inquart comme ministre de la Sûreté. Le 24 février,, dans un discours au Bundestag, le parlement autrichien, Schuschnigg déclare que « l'Autriche s'est engagée sur la voie des concessions jusqu'au point où nous devons nous arrêter, nous n'irons pas plus loin » et en affirmant que l'Autriche ne renoncera jamais à son indépendance. La radiodiffusion du discours de Schuschnigg suscite de violentes réactions des nazis autrichiens : à Graz, 20 000 nazis envahissent la place de l'Hôtel-de-Ville, détruisent les haut-parleurs et remplacent le drapeau autrichien par la bannière allemande à croix gammée, sans que la police, soumise à l'autorité de Seyss-Inquart, n'intervienne. Le projet de référendum et la démission de Schuschnigg Le 9 mars 1938, Schuschnigg fait une dernière tentative pour préserver l’indépendance de l’Autriche : Il annonce, lors d'un discours à Innsbruck la tenue d’un référendum pour le 13 mars, appelant les électeurs à soutenir « une Autriche libre et allemande, indépendante et sociale, chrétienne et unie, pour la liberté et le travail, et pour l'égalité de tous ceux qui se déclarent pour la race et la patrie », formulation qui laisse augurer d'un vote largement positif. Afin de s’assurer une large majorité, il fixe l’âge minimum pour voter à vingt-quatre ans, afin d’exclure les électeurs plus jeunes, largement acquis au nazisme. Hitler exige l'annulation du plébiscite sous peine d'invasion militaire. Schuschnigg accepte d'annuler le plébiscite. Prévenu de cette décision par Seyss-Inquart, et après avoir conféré avec Hitler, Hermann Göring formule de nouvelles exigences : la démission de Schuschnigg et son remplacement par Seyss-Inquart. Il demande également à ce dernier d'envoyer, dès sa nomination, un télégramme demandant aux autorités allemandes d'envoyer des troupes en Autriche pour y maintenir l'ordre. Schuschnigg démissionne et les nazis autrichiens, bien organisés, prennent le pouvoir en Carinthie et en Styrie (régions autrichiennes), et occupent des bâtiments publics et des gares ferroviaires à Innsbruck, Linz, Salzbourg, Graz, Klagenfurt et Vienne. Le refus du président Miklas de constituer un gouvernement nazi dirigé par Seyss-Inquart, et l'absence d'un télégramme d'appel à l'aide venant de celui-ci, mettent Hitler hors de lui : à 20 heures 45, il donne formellement l'ordre d'invasion ; trois minutes plus tard, il fait transmettre à Seyss-Inquart le texte du télégramme, en précisant qu'il n'est plus nécessaire de l'envoyer mais simplement de marquer son accord sur son contenu. Vers minuit, après que les principaux centres du pouvoir à Vienne sont tombés entre les mains des nazis autrichiens et que la plupart des membres du gouvernement a été arrêtée, et vu l'absence de réaction de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Italie et de la Tchécoslovaquie, le président Miklas accepte de nommer Seyss-Inquart chancelier. L’annexion Le matin du 12 mars 1938, la 8e armée de la Wehrmacht franchit la frontière austro-allemande. Les troupes allemandes ne rencontrent aucune résistance de la part de l’armée autrichienne. Bien au contraire : elles sont accueillies par des acclamations, des "Heil Hitler", des drapeaux nazis et des fleurs. Toutefois les nombreuses pannes que subissent les unités motorisées allemandes prouvent qu'à cette date la wehrmacht n'était pas prête pour une opération d'envergure. Hitler pénètre en Autriche peu avant seize heures à Braunau, son village natal. En raison de la foule amassée sur son passage, il n'arrive à Linz que vers dix-neuf heures trente, où il reçoit un accueil enthousiaste ; lorsqu'il y prend la parole d'un balcon de l'hôtel de ville, il est acclamé par 60 à 80 000 personnes. Par la suite, Hitler commente cet épisode comme suit : « Certains journaux étrangers ont prétendu que nous nous sommes abattus sur l'Autriche en employant des méthodes brutales. [...] Quand j'ai franchi la frontière, j'ai été submergé par un flot d'amour tel que je n'en avais jamais connu. Nous ne sommes pas arrivés en tyrans mais en libérateurs... » Dans la soirée du 15 mars, comme lors de celle du 11, une partie de la foule, composée des pires éléments de la population, s'en prend aux Juifs, forçant les familles à sortir de chez elles et à s'agenouiller dans les rues, sous les cris de « Mort aux Juifs ». Bibliographie - Jean Bérenger, "Histoire de l'Autriche", Paris, Presses universitaires de France, coll. Que Sais-je, 1994 - Gordon Brook-Shepperd, "L'Anschluss, les Nazis en Autriche", Paris, Presses de la Cité, 1964 - Martin Fuchs, "Un pacte avec Hitler. Le drame autrichien", 1936-1938, Paris, Plon, 1938
Le chancelier Schuschnigg
Arthur Seyss-Inquart et Hitler
Entrée des unités allemandes à Vienne
Carte du Reich 1933-1943
Armées BataillesCESEGUMO C entre d' E tudes sur la SE conde GU erre MO ndiale
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