Sepp Dietrich
Ernst Röhm
Von Blomberg
LA NUIT DES LONGS COUTEAUX Les origine de la SA Face aux tumultes des premières années de la république de Weimar , Hitler décide en juin 1921 de créer une véritable garde rapprochée chargée d'assurer sa protection lors des meetings souvent houleux, Cette garde, la SA (Sturmabteilung – sections d'assaut) est confiée à Ernst Röhm et est constituée d'anciens combattants n'hésitant pas à faire le coup de poing contre leurs adversaires politiques. Ernst Röhm Ernst Röhm est d'origine modeste, Il est parvenu à intégrer une école d'officiers en 1906 à l'âge de 19 ans. Méprisant l'univers civil et bourgeois, il termine la première guerre mondiale avec le grade de capitaine et une blessure au nez qui le rend facilement reconnaissable. La fin du conflit et le sentiment de trahison du pouvoir politique le poussent à rejoindre les corps-francs luttant contre les communistes. En 1919, il adhère au cercle national-socialiste « Poing de fer » et rencontre également Hitler au parti des travailleurs allemands (DAP). De cette rencontre, va naître une amitée complexe entre les deux hommes (Röhm est ainsi l'une des rares personnes à tutoyer Hitler). Premières dissensions Les tensions entre les deux hommes apparaissent cependant rapidement, le chef des SA est ambitieux et souhaite utiliser Hitler pour ses propres projets politiques. Hitler a senti le danger et nomme le fidèle Goering à la tête de la SA bien que concrètement les chefs d'unités restent fidèles à Röhm. 1923 voit la création par Hitler, de la Stosstrupp (SS), véritable garde prétorienne, dépendant hiérarchiquement de la SA. La SS est entièrement dévouée au Führer. Elle connaitra son baptême du feu lors du putsch avorté de Munich. Les mois de captivité d'Hitler lui permettent d'élaborer sa stratégie de conquête du pouvoir; une alliance s'avère ainsi obligatoire avec les élites conservatrices du pays. Le discours révolutionnaire et ouvertement socialiste des SA doit donc être remisé au second plan. L'exil provisoire de Röhm en Bolivie (1928), rend les SA encore plus incontrôlables. La SA constitue une gène dans la quête de respectabilité d'Hitler. Dès avril 1930, les rapports de police adressés au gouvernement sont unanimes : cette véritable armée parallèle de 400 000 hommes qui dispute le pavé aux communistes ou perturbent les réunions de leurs adversaires poilitiques commence à devenir inquiétante et constitue une menace pour la Reichswehr (l'armée de la république de Weimar). Hitler se fie désormais d'avantage à la SS (dirigé depuis 1929 par Himmler ) dont le recrutement raciste et élitiste s'oppose à la plèbe SA. Himmler, efficacement secondé par Heydrich , fait de la SS une véritable police chargée de monter des dossier sur les hommes de Röhm. Ce dernier, rappelé d'Amérique du Sud afin de remettre de l'ordre au sein de la SA, constitue une cible de choix de par son attirance à l'égard des jeunes hommes de sa formation. L'arrivée au pouvoir des nazis, en janvier 1933, n'a été possible qu'avec l'appui de la droite conservatrice. Hitler se doit de ménager ses aliés de circonstance. Röhm, fort de ses deux millions d'hommes, se présente ouvertement comme une menace vis à vis de la modeste Reichswehr dont l'effectif est limité à 100 000 hommes par le traité de Versailles. Le chef de la SA a pour ambition la création d'une puissante armée révolutionnaire en rupture totale avec la tradition militaire aristocratique prussienne. La nomination du général von Blomberg à la tête du ministère de la défense est avant tout un gage accordé à la droite conservatrice au détriment de l'aile gauche du parti nazi. Une nouvelle organisation nazie va voir le jour en avril 1933 : la Gestapo . Créée par Goering, elle est destinée à liquider les opposants politiques mais également à enquêter sur les agissements de la SA. Röhm sent l'étau se resserrer et multiplie les démonstrations de masse, prônant la poursuite de la révolution et évoquant une « nuit des longs couteaux », restant cependant vague quant aux cibles visées par cette action d'intimidation. Hitler craint que les gesticulations de son bouillant et incontrolâble lieutenant ne lui fasse perdre la confiance du président Hindenburg au bénéfice des militaires. Hitler tente de canaliser Röhm en le nommant dans son cabinet à un poste sans portefeuille. Vers un conflit ouvert Röhm poursuit cependant ses provocations en exigeant la création d'un ministère regroupant les SA, la SS ainsi que la Reichwehr. La caste des officiers, excédée, se tourne vers Hindenburg afin que ce dernier mette fin aux agissements d'un homme aux moeurs dissolus et dirigeant une troupe de braillards et d'ivrognes. Hitler se doit de trancher et décide de réduire les effectifs de la SA de deux-tiers. Le 28 février 1934, lors d'un discours où les cadres de la SA et de l'armée sont présents, Hitler évoque ouvertement la nécessité de créer un espace vital par des moyens qui ne peuvent être que militaires, la SA est donc écartée de fait car seule une armée puissante peut contribuer à la réussite de ces visées expansionnistes. L'amertume de Röhm l'amène à prononcer des paroles dures et menaçantes à l'encontre de son chef. Dans le même temps, le travail d'infiltration mené par certains SS commence à porter ses fruits : l'un des fidèles bras droits du chef de la SA, le SA Obergruppenführer Lutze, va informer Hitler des propos du chef de la SA. Himmler, habilement, va lancer une vaste opération de séduction en direction de l'armée; il récupère également le commandement de la Gestapo que Goering lui cède en même temps que son soutien. Le ralliement des forces conservatrices Hitler doit impérativement s'assurer de la bienveillance de l'armée en vue de la succession du président Hindenburg dont l'état de santé se dégrade. Von Blomberg joue un rôle prépndérant dans le ralliement des militaires avec, par exemple, le port obligatoire de l'aigle à croix gammée sur les uniformes de l'armée. Reader, commandant la marine, se rallie sans difficulté. Le 19 mai les évènements vont se précipiter avec le ralliement de von Reichenau et de von Frisch . L'armée s'engage ainsi irrémédiablement aux côtés du Führer, pour le meilleur et pour le pire. La fête du travail, le 1er mai, voir les SA poursuivre leurs provocations, réclamant ouvertement une seconde révolution. Röhm a, semble-t-il, des vues sur la vice-chancelerie avec la complicité de Gregor Strasser et de von Schleicher . Au sein de la droite conservatrice, le vice-chancelier von Papen se méfie des nazis et plus particulièrement de la SA. Le maréchal Hindenburg mourrant conforte son vice-chancelier dans le rôle de rempart contre Hitler. Himmler et Heydrich ne restent pas inactifs, les infiltrations dans lentourage de von Papen permettent de falsifier des rapports faisant état d'un complot regroupant Röhm, von Papen, von Schleicher. Le commandant de Dachau, Eicke, est placé en état d'alerte prêt à intervenir contre les SA. Von Papen va, le 17 juin, lors d'un discours diffusé à travers le pays, appeler à l'arrêt des exactions nazies. Hindenburg menace de remettre le pouvoir entre les mains de la Reichswehr. Hitler doit absolument prendre la bonne décision s'il ne veut pas voir le pouvoir lui échapper. Les SS sont armés et placés en état d'alerte, les unités de la Reichswehr sont consignées dans leurs casernes. L'opération Colibri, la nuit des longs couteaux Sur ordre d'Hitler, les SA sont mis en disponibilité fin juin 1934. Röhm et son Etat-Major se reposent à Bad Wiessee, station thermale au sud de Munich. Dans le même temps, Sepp Dietrich , commandant de la SS Liebstandarte Adolf Hitler, harangue ses troupes : les SA et leur moeurs de dépravés sont une honte pour l'Allemagne. Dietrich transmet également à von Blomberg des documents impliquant les SA dans un projet de complot à l’encontre d’officiers de l’armée du Reich. Le 26 juin, la SS et la Gestapo entament les opérations destinées à éliminer les opposants en arrêtant Jung, secrétaire particulier de von Papen, l’accusant d’intelligence avec l’ennemi. Le 28 juin, journée commémorative du funeste « Diktat » de 1919, les officiers de la Reichswehr sont placés en état d’alerte afin de contrer un éventuel putsch des SA. Hitler se fait remettre les rapports incriminant la SA. Ceux-ci n’apparaissent pas suffisamment explicites quant à l’existence d’un projet de putsch mais font état des fanfaronnades d’un SA revendiquant l’incendie du Reichstag. Cet attentat a été attribué aux communistes. De tels propos risquent de mettre à mal la légitimité nazie. Himmler poursuit ses actions d’intoxication à destination de son Führer en annonçant la présence de SA armés à Munich. Hitler, tel un chef de bande, se rend à Bad Wiessee le matin du 30 juin à la tête d’un camion chargé de sa garde personnelle. L’Hôtel où dorment les SA est encerclé, ceux-ci sont tirés de leur sommeil (certains chefs étant au lit avec leurs amants) et placés en état d’arrestation. Hitler armé s’occupe personnellement de l’interpellation de Röhm, l’insulte copieusement et le fait transférer à la prison de Stadelheim. Goebbels déclenche l’opération Colibri, vaste opération visant à éliminer les supposés ennemis du NSDAP. La purge sanglante démarre par l’exécution à Berlin de 150 chefs SA dans la cour de l’école des cadets de Lichterfeld. Von Schleicher et son épouse sont exécutés à leur domicile. Hitler ordonne l’exécution de Röhm. Eicke, commandant de la Totenkopfverbände, est chargé de cette basse besogne. Il présente un pistolet chargé d’une balle au chef SA, mais celui-ci refuse le suicide déclarant, « si je dois être tué, laissez Adolf le faire lui-même ». Röhm sera finalement assassiné de deux balles dans le cœur par le SS Lippert. Ses dernières paroles seront « mein Führer, mein Führer ». Les assassinats, parfois arbitraires, se multiplient à travers le pays. Von Papen échappe à la mort mais son secrétaire ainsi que Jung sont exécutés par les SS. Gregor Strasser, figure historique et encombrante de l’aile gauche du NSDAP, figure au nombre des victimes. Von Hindenburg et von Papen vont rapidement féliciter Hitler pour la fermeté de ses actes. Le nombre de victimes varie de 61 (selon Hitler) à plus de 1000 (procès de Munich de 1957 destiné à faire la lumière sur ces évènements). Les conséquences La SS sort grand vainqueur de cet épisode et devient pleinement indépendante, n’ayant de comptes à rendre qu’à Hitler. L’opinion publique va réagir favorablement car Hitler a su faire preuve de fermeté et a surtout mis en avant les mœurs dépravés des chefs SA. Il apparaît ainsi comme le défenseur d’une certaine moralité et s’attire la sympathie des milieux religieux en dépit des persécutions touchant le clergé. L’épilogue aura lieu le 2 août 1934 avec le décès d’Hindenburg à l’âge de 87 ans. Les charges de Chancelier et de président sont réunies, décision approuvée par 90% des allemands lors du referendum du 19 août, parachevant ainsi la victoire d’Hitler qui détient désormais tous les pouvoirs.
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